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jeudi 30 avril 2015


La nature a horreur du vide, disait Aristote. Mais l'être humain entretient avec lui une relation des plus paradoxales. Il est certain que notre instinct premier nous incite à le repousser. Qu'il soit physique ou métaphysique, il nous terrifie, le vide. Il semble même que la hantise qu'il nous inspire soit l'un des principes qui motive notre agir et nous engage à réfléchir sur notre devenir.

Les trous,  au sens propre comme au sens figuré, on les comble. Nous sommes des bricoleurs-nés, toujours prêts à reboucher des cavités, comme si nous avions la crainte d' être aspirés. Que ce soit les dentistes qui obturent les dents cariées, les agents de la voirie qui macadamisent les chaussées,  ou les couturières qui raccommodent les chaussettes, on passe son temps à faire un sort à ce qui nuit à notre sacrosainte idée de l'uniformité. Le trou, comme la tache, ne sont pas en odeur de sainteté . Il faut à tout prix les éviter .

Dans nos conversations aussi, le vide n'a pas bonne presse . Il n'est pas de bon ton de laisser de longs blancs dans les discussions. Dans certains cas, Ils sont propices à éveiller la suspicion : on est vite taxés de dissimulation. Quant à la panne d'inspiration, fuyons-la! Elle nous fait passer pour des êtres doués de peu de réflexion, et donc impropres à la communication .

Parlons-en de la communication! Elle va bon train en ce monde, surtout qu'on parle de tout et de rien, et que l'on fait aussi beaucoup de bruit pour rien. Dès lors, le vide sonore  qu'on appelle communément silence, bien loin d'être une vertu, figure en tête de gondole des vices. Il faut absolument maîtriser son outil langagier, employer impérativement les mots branchés, ne pas jouer les abonnés absents des actualités régurgitées à volonté sur les réseaux sociaux. En un mot, il faut "avoir du swag"!

Bien-sûr , cette hyperprolixité verbale cache mal le vide abyssal dont souffre notre société . Si l'on veut combler tant de trous, reboucher tant de cavités, dissimuler tant de crevasses, c'est que l'on sent bien que face à nous, se dresse une béance incommensurable, celle qui nous sépare de la divinité. Le fossé s'est creusé de siècle en siècle . Nous avons dédaigné de l'écouter, ce Dieu qui parlait à notre cœur, et il a fini par se taire, lassé de nous voir nous éviscérer et  nous vider de notre humanité.

 Dans un monde désormais vide de sens, il ne nous reste plus qu'à contempler avec horreur le vide ultime de notre tombe qu'un jour nous emplirons de nos souvenirs, et surtout de nos regrets...


mercredi 22 avril 2015



Posséder ! Il semble que ce soit le maître-mot de nos existences  Détenir des biens et des richesses tout d'abord, mais aussi  des connaissances et des compétences , tout autant que des relations , qu'elles soient professionnelles, amicales ou amoureuses. Se définir , en somme, par ce que l'on a,  plutôt que par ce que l'on est réellement. Serait-ce spécifiquement  l'ADN propre à notre époque, comme certains le décrient? Ou ne serait-ce pas plutôt une tendance innée, un acte involontaire qui nous dépasse, une caractéristique quintessentielle de l'espèce humaine ?

Il est de mon humble avis que l'instinct de propriété fait partie de l'archéologie de notre moi. Essayez de retirer des mains le jouet d'un enfant, et vous rencontrerez une résistance qui se manifestera par des cris et des pleurs, symptômes d'une frustration intolérable. Même si la notion de partage nous est enseignée dès notre plus jeune âge, force est de constater que nous prêtons, avec un déplaisir plus ou moins grand, ce qui nous appartient. Comme si nos possessions matérielles étaient une prolongation de nous-mêmes, et que les céder, même pour une brève durée, revenait à nous amputer de l'un de nos membres.

Idem des relations humaines. La naissance d'une fratrie nous contraint à repenser avec hantise notre place au sein du cercle familial. Nous nous sentons menacés, en quelque sorte, d'une carence affective aussitôt que le nouveau-né reçoit,de la part de notre génitrice, les attentions qui nous ont jusque-là été réservées. C'est que nous avons tous en nous cet irrépressible besoin d'être préféré, de voler la vedette aux frères et sœurs dont nous craignons qu'ils usurpent notre rôle sur la scène parentale.

Le sentiment d'insécurité, aussi infondé qu'il soit, qui a pu voir le jour dans le contexte familial , ressurgit avec une intensité décuplée à l'adolescence, quand nous entrons de plain-pied dans l'arène des relations amoureuses. Non seulement doit-on livrer bataille pour conquérir le cœur d'un autre , mais encore faut-il tout mettre en œuvre pour s'en assurer l'exclusivité. Non seulement faut-il se faire aimer de l'autre, mais encore faut-il décrocher le trophée de " préféré(e) ", et surtout  le conserver .

Or quoi de plus labile que le sentiment amoureux! S'il est un des domaines dans lequel l'instabilité règne en maître, c'est bien celui du cœur. On sait quand une histoire d'amour commence, on ne sait jamais quand elle va finir. On la voudrait éternelle , on croit posséder le cœur de l'autre , on va jusqu'à faire officialiser le lien en établissant une alliance conjugale. Mais on oublie que s'il y a possession dans l'amour, elle ne  s'exerce qu'à nos dépens . Nous sommes plus possédés que nous ne possédons vraiment .

 "Aimer est un mauvais sort, comme ceux qu'il y a dans les contes, contre quoi on ne peut rien jusqu'à ce que l'enchantement ait cessé." Cette envoûtante citation de Proust pointe de sa baguette magique l'acception du verbe " posséder " dans ce contexte particulier . La possession est d'ordre démoniaque . Elle n'est pas neutre . Nous ne nous appartenons plus . Nous perdons la maîtrise de notre volonté. Nous capitulons devant l'irrationnel, impuissants que nous sommes , et endurons des souffrances quand le sortilège n'opère plus .

Qui donc nous en voudrait de tenter de conjurer le mauvais sort en nous tournant vers la possession de biens matériels ou immatériels ? Ne jetons pas l'anathème sur notre société de consommation et notre frénésie matérialiste . Je parierais fort qu'au Paléolithique , l'hominidé manifestait le même instinct de propriété que nous . Sa caverne n'était certes pas celle d'Ali Baba , mais elle n'en était pas moins remplie des possessions qui avaient le plus de valeur à ses yeux . Car lui aussi avait un coeur , et il saignait tout autant que le nôtre ...

mardi 14 avril 2015




L'homme est un animal doué de déraison. Où que l'on regarde, on ne peut que constater son inaptitude, sa persistance même à nier les préceptes que lui dicte la sagesse. Ses réflexions ne sont jamais mûres, et ses actions le conduisent bien souvent à la négation de son souverain bien, voire à son propre anéantissement .

L'instruction, bien souvent, en lui ouvrant de nouveaux  horizons, ne sert qu'à lui donner des aspirations délirantes et défiant toute proportion. L'exploration de l'infiniment grand comme de l'infiniment petit lui confère un sentiment de domination enivrant. Il se sent comme "maître et possesseur  de la nature ." La connaissance pour lui est une arme de destruction et non un outil de pacification. Son instinct de guerrier l'incite à coloniser plutôt qu'à cohabiter avec les espèces de ce monde. Sur terre, sur mer comme dans les airs , il ne sème que douleur et désolation .

Même la religion , dont la vocation première est de relier les hommes, est victime de manipulation. Elle divise au lieu d'unir. Tombée aux mains d'individus sans foi ni loi, assoiffés de pouvoir, elle est le fer de lance de la régression et de l'oppression. Au lieu de nous guider sur la voie du bonheur, elle dresse devant nous le spectre de la terreur, l'intolérance et le néant . La suspicion , la délation et la peur sont devenus le quotidien de bon nombre de croyants .

Même les gouvernants, à court de solutions, n'occupent le devant de la scène qu'en nous proposant  le pitoyable théâtre de leurs dissensions et le spectacle farcesque de leurs liaisons à rebondissements . Même pas de quoi alimenter les fantasmes des ménagères de plus de cinquante ans, habituées à  la silhouette testotéronée de Monsieur Propre, indétronable emblème de leur gamme favorite de produits d'entretien  ....

A quoi donc accrocher nos espérances si toutes nos croyances volent en éclat, si nous accordons notre confiance à des êtres qui seront coupables un jour de trahison ? Si nous ne voulons pas devenir des Alceste fuyant le genre humain, ou des despotes sanguinaires visant à l'asservir, il nous reste à reconquérir le lien perdu avec cette nature qui nous a tant donné et que nous avons tant malmenée. Elle seule détient le pouvoir de notre guérison et saura cautériser les plaies que nous nous infligeons , tant nous nous laissons abuser par les mirages de notre déraison .



mardi 31 mars 2015

Les commémorations , on aime bien ça, dans nos sociétés occidentales . On nous ordonne de nous souvenir . Surtout de choses qu'on n'a jamais vécues . De la barbarie humaine aussi bien que de la transcendance divine . Au nom du sacro-saint devoir de Mémoire. A ces célébrations historiques ou religieuses se greffent un chapelet d'autres fêtes , à visée principalement commerciale , comme la Saint Valentin, où on nous impose d'assigner une valeur marchande à ce qui n'en a pas : l'amour. Comme si ça ne suffisait pas , on a décidé d'attribuer une fonction aux jours de l'année restants . Alors des instances supérieures ont planché sur la question , et le résultat mérite qu'on lui prête toute notre attention.

Pour une grande majorité , les journées mondiales sont dédiées à des populations dont le trait commun  est leur vulnérabilité . Parmi les mieux représentés , les sujets souffrant d'une pathologie ou d'un handicap invalidant: Sida , cancer , lèpre , tuberculose , pneumonie , Parkinson ,  paludisme , hémophilie,  pour les affections les plus graves ; surdité ou bégaiement , pour les handicaps . Ce sont les journées " contre " .

Il existe aussi les journées " sans " : sans voitures , sans achats , sans téléphone portable , sans tabac . Ce sont les journées anti-société de consommation , en quelque sorte , ou anti-addiction . Ce  qui n'est pas si mal, après tout . On se soucie de notre santé  et de notre équilibre. Et au passage, on en profite pour rendre hommage à  Dame Nature dans toute sa diversité.

Car, notons-le,  il y a beaucoup de journées mondiales  écolo, dans le calendrier grégorien . Il n'y a qu'à recenser celles où il est question de l'eau . Qu'il se décline en rivières , mers ou océans , l'élément liquide est maintes fois célébré dans l'année . La faune tient aussi une place de choix . Oiseaux migrateurs , chats , lions , éléphants même . De quoi réveiller nos envies d'exotisme .

Moins exotiques sont les journées consacrées aux femmes. Celles qui sont encensées , ce sont les femmes rurales , les infirmières , les secrétaires , les sages-femmes et les ... ménopausées ... Aucun risque de nous faire atteindre l'orgasme , lui qui , pourtant , est à l'honneur le 21 décembre . A quatre jours près , on était en plein blasphème ...Citons parmi les journées mondiales les plus insolites , celles du tricot, de la plomberie, des jeux vidéo et des toilettes... Il faut dire que sans les latrines, la vie serait un enfer .

Mais il faut garder le meilleur pour la fin . Il existe , fort heureusement , des journées placées sous le signe de la positivité . La maladie, la discrimination, la cruauté , on n'a qu'une envie , c'est de les oublier au plus vite . Il faut arrêter de nous faire culpabiliser .  Mes journées favorites , et les vôtres , sans nul doute , ce sont celles du sourire et du rire, de la gentillesse et de l'amitié , des câlins et du bonheur . Parlons-en du bonheur . Il n'est pas assez représenté , le bonheur. A lui seul,  il mériterait qu'on lui dédie les 365 jours de l'année!

jeudi 26 mars 2015


Dans cet univers  de l'hyperconnexion où l'on peut joindre n'importe quand, n'importe où, n'importe qui , force est de constater que nous vivons retranchés dans le bastion de notre indifférence au monde qui nous entoure , comme si le trop-plein d'informations et d'interactions digitales saturait notre besoin  d'immersion dans le bouillonnement incessant du réel .Pris au jeu, nous assumons notre condition de pion sur l'échiquier du désir  fluctuant, prompts à nouer et dénouer des amitiés virtuelles  , érigeant autour de nous un cordon de sécurité quand le cordon ombilical de nos relations sur la Toile se fait trop étouffant .

Nombreux sont ceux qui jettent l'anathème sur ce mode de consommation sauvage , arguant du fait qu'il fait fi de la sensibilité et susceptibilité des différents actants . Mais ils oublient, en passant , que hors de son contexte professionnel , le web n'est qu'un terrain de jeux , une partie de cache-cache aux bornes temporelles infinies puisque les écrans sont aussi résistants que des masques de fer tant que les participants ne décident pas de faire le grand saut dans l'ici et maintenant de la rencontre physique. On se farde de l'identité qu'on veut , à commencer par un pseudo, et, par un effet de miroirs vertigineux, se met en place une mise en abîme de faux semblants qui alimente le fantasme et trompe l'ennui.

Car , il faut bien le dire, on s'ennuie à en mourir dans nos sociétés à géométrie invariable, dans nos foyers centrés sur la sacro-sainte famille et le bien-être bon marché procuré par les émissions de télé-réalité et les voyages bon marché. Alors il faut bien s'évader. A moindre frais. Cela n'engage à rien. On parle à des inconnu(e)s. On se découvre des passions inavouables communes qui épicent notre imaginaire sclérosé par une vie de couple qui s'est émoussée. On se dit qu'on est moins seuls sur terre , qu'il est encore temps de refaire sa vie car, manifestement , on s'est trompés de partenaire.

Les plus naïfs d'entre nous sont prêts à tout sacrifier pour un shoot d'euphorie qui les fera décoller du ciment de leur quotidien. Sauf qu'ils oublient que , derrière l'écran, se tiennent des escrocs de l'apparence , des simulateurs/simulatrices n'ayant rien à perdre , des paumé(e)s dont la seule visée est de faire perdre l'équilibre à ceux qui se sont laissés berner par leur promesses fallacieuses. Car ce sont des joueurs tout-terrain, des aventuriers intrépides , et la Toile leur offre un nouveau défi qu'ils ont bien l'intention de gagner.

Alors pourquoi leur jeter la pierre, à ces imposteurs ? Reproche-t-on aux joueurs de poker de bluffer ? Plutôt que de les stigmatiser, jugeons avec plus de sévérité les pères/mères, époux et épouses démissionnaires, qui ont fui leurs responsabilités et ont cru, à tort, à une meilleure destinée en accordant leur confiance à des êtres dénués de réalité. Ils n'ont pas mérité ce qu'ils ont lâchement abandonné et paieront, un jour ou l'autre, le prix de  leur excès de crédulité.

dimanche 15 mars 2015




L'adage" Pour vivre heureux, vivons cachés " aurait bien du mal à se vérifier de nos jours. Car quand bien même nous  parviendrions à nous soustraire à la vue de notre prochain , il faudrait aussi nous dépouiller de nos vademecums électroniques, qui, bien qu'ils soient essentiels à notre survie psychique, n'en sont pas moins des mouchards de haut vol, nous soumettant à une géolocalisation sans concession .

En nous promettant de nous faciliter la vie grâce à une orientation géographique personnalisée, les applications pour smartphones font de nous des otages du service de renseignement digital. Le moindre de nos mouvements est traqué et tracé sur des fichiers numériques à des fins multiples: commerciales pour la majorité d'entre elles, sécuritaires pour une minorité . Mais pas seulement. Le domaine des sentiments est également circonscrit à un périmètre que l'on définit soi-même sur les sites de rencontre. On se fixe comme objectif de rencontrer l'âme sœur dans un rayon kilométrique donné, en  oubliant, au passage, que l'amour véritable ne connaît pas de frontières. 

Ainsi, avec le virtuel,  le réel devient tellement transparent qu'il en perd l'une de ses qualités essentielles : le mystère. Nous voilà désormais privés de notre capacité à nous étonner et à nous émerveiller. Le plaisir d'une trouvaille architecturale insolite au détour d'une rue nous est ôté . Tout est répertorié dans un atlas numérique planétaire qui ne laisse rien au hasard. Le mot découverte, dès lors, n'a plus de  sens. Nous faisons partie de la génération des terriens blasés car trop assistés , des moribonds de la surinformation  qui se bercent de la douce illusion qu'ils vivent dans le meilleur des mondes . 

Ironie suprême...Ce qu'ils reçoivent d'un côté , on le leur retire de l'autre.  Car pour jouer la carte de la sécurité, ce monde emprunte à la dystopie orwellienne son intrusivité totalitaire. Vous voulez vivre heureux ? Alors il ne faut plus vivre caché! Avec ses armadas de caméras de télésurveillance et bientôt de drones , tout notre espace vital se voit  quadrillé , disséqué, violé par des yeux invisibles coupables d'un voyeurisme à outrance, et ce , au nom du bien de la communauté . 

Alors quoi de plus naturel que de se livrer à de l'exhibitionnisme gratuit sur les réseaux sociaux! Pourquoi tancer notre propension à tout dévoiler de notre intimité alors qu' intimité , il n'y en a plus ! De toute façon , le cloud se charge un jour ou l'autre de nous trahir. Alors , un peu plus ou un peu moins . Le numérique a eu au moins le mérite de démystifier l'idée erronée selon laquelle le bonheur , pour durer , doit être tenu secret . Superstition, quand tu nous tiens! Le bonheur n'a peur de rien . Il est libre d'aller et de venir au gré de ses envies . Et ce n'est pas les ondes électroniques , bonnes ou mauvaises , qui influeront sur sa destinée. 

jeudi 5 mars 2015

Une dame, de taille modeste, à la tête chenue, arpente la rue du Faubourg Montmartre en direction des Grands Boulevards. Elle se déplace lentement, appuyant chacune de ses mains sur une canne en bois sombre. Elle me dépasse , et la simple idée de l'avoir perdue à jamais me devient intolérable. Je me retourne, avide de déchiffrer le mystère de cette apparition émouvante.

Des bas gris tentent de dissimuler deux chevilles à la déformation douloureuse. Pourtant , ce n'est pas la souffrance qui émane de cette singulière passante , mais une force tranquille. Elle tire de la raison même de sa différence une vigueur et une patience surprenantes. Elle progresse à pas lents, personnage anachronique égaré au mileu de cette foule électrisée. Ses cannes martèlent le pavé à cadence régulière.

Elle est sûre d'elle. Elle sait où elle va. Qu'importe si la vie lui a ôté à jamais la sensation vertigineuse qu'éprouve le corps quand il s'élance dans l'espace. Dans un tiroir de sa mémoire, elle garde précieusement le souvenir de l'envol délicieux que lui permettaient ses jambes d'enfant dans sa province natale.

Sur le trottoir parisien où se côtoient sans jamais se rencontrer les destinées les plus diverses , elle va son chemin, imperturbable, et ses chevilles torturées me font soudain penser aux souches de ces arbres centenaires qui nous offrent, en pleine forêt, leur hospitalité quand nos pieds ne peuvent plus nous porter.

27 Mars 2000