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vendredi 25 juillet 2014

Oui ! Notre civilisation  est décidément bien malade. Je dirais même incurable ! Car elle fait preuve d'une  cécité  totale quant à la virulence du poison qui lentement la corrompt. En croyant cueillir les roses de la vie , nous ne composons, sur notre chemin, que des bouquets magnifiques d'ancolies maléfiques qui s'insinuent dans les replis de notre esprit .

Ce mal qui nous ronge et qui affecte nos relations à autrui, c'est la consommation à outrance. Consommation de sexe, de sentiments et de sensations . À trop vouloir s'emplir les poumons de liberté, on finit par respirer un air vicié: celui de la licence. Licence de posséder l'autre puis de s'en déposséder, licence de s'en éprendre  puis de s'en déprendre, licence de boire jusqu'à la lie la liqueur de la vie avant d'en subir les déboires. Alors que notre espérance de vie s'allonge, paradoxalement les actes d'importance qui scandent notre existence n'ont qu'une durée de vie limitée.  Les serments n'ont plus aucune consistance . D'où vient cette inconstance?

C'est dans l'air du temps, répondront certains, sur le ton de la résignation. Ils n'ont pas tort. Il n'y a qu'à regarder autour de nous. Notre environnement familier témoigne de l'accélération de la péremption de nos biens. Que ce soit dans le domaine de l'électroménager ou de l'informatique, nos appareils tombent sous le coup de l'obsolescence programmée. Les avancées techniques sont tellement rapides qu'au bout de quelques mois , nos ordinateurs  flambant neufs appartiennent à l'ère jurassique du digital. On achète, puis on jette. Il y a presque autant, dans les déchèteries,  de carcasses de PC passés de mode que de carcasses de poulets aux hormones .

Il en est de même dans le domaine de l'habillement . Des chaussettes aux chaussures,  des dessous aux pardessus , tout le secteur du prêt-à-porter pâtit d'une détérioration de la qualité. On ne reprise plus, on ne retouche plus, on ne répare plus, on jette, sans aucune componction. Fabriqués dans les sweatshops des pays émergents, ces articles, faits à la va-vite, pèchent par leur manque de finitions et la désagrégation de leurs composants au fil du temps. La raison à cela? L'emploi de tissus et matériaux bas de gamme, ainsi que l'obligation de se plier aux injonctions d'une course à la productivité .

Ce rapide état des lieux devrait donc servir à notre édification. Avons-nous vocation à nous laisser traiter comme des biens de consommation? Inversement, allons-nous considérer notre prochain comme un pion sur l'échiquier de nos inclinations en perpétuelle évolution? Il faudrait avoir une piètre estime de nous-mêmes et des autres pour accepter un tel choix de vie .

Non ! L'être humain n'est pas une denrée en rayon dans l'hypermarché de nos désirs en mutation constante. Même si nous sommes entrés dans l'ère du tout-jetable, même si nous nous lassons vite des choses que nous acquérons,  ne laissons pas la contamination gagner ce qui fait notre spécificité et notre unicité : notre capacité à choisir et chérir un être avec qui nous aurons du plaisir à partager notre existence . Donnons-nous une chance de goûter au bonheur avant de nous dégoûter de nous-mêmes. Notre vie arrivera à péremption bien assez tôt .

jeudi 10 juillet 2014

L'homme du XXIème siècle est un homme qui marche, et qui est en marche.  Il va droit devant lui . Vers un but précis . Souvent au mépris des autres , individualisme oblige . Alors, les rares moments qui s'offrent à lui de se poser , et de chercher celui ou celle qui lui emboîtera le pas pour un temps limité ou illimité, il les utilise à bon escient .

   Avant tout, il a compris que le meilleur prélude à une entrée en matière communicationnelle est une exploration scopique de la personne visée. Certes , l'examen de son visage en dit long sur son intériorité . Il permet de faire un premier tri . Exit les mines renfrognées , les lèvres pincées , les airs hautains . Bienvenue aux yeux rieurs , rêveurs et aux sourires coquins .

   Mais une fois commis  le délit de faciès , il faut scruter les détails qui vont mettre notre prospecteur de la "perle rare" sur la voie des affinités électives . Et devinez quelle partie du corps le renseignera le mieux ? Le poignet ! On n'y pense jamais , mais c'est pourtant un indicateur infaillible quant aux goûts particuliers d'une inconnue lambda.

    Tout comme le cou ou les doigts , le poignet a l'avantage, de par sa circularité , de se prêter à l'ornementation . De même que le collier embellit un cou, ou qu'une bague enjolive un doigt , le bracelet fait aussi partie, depuis des temps immémoriaux,  de la grammaire de toute coquette , et ce faisant , livre à l' observateur averti quelques secrets sur les penchants de son heureuse propriétaire . Qu'il soit en métal précieux , en perles ou pierreries , en bois , en coton, en plastique, ou même, récemment, en élastique, cet ornement orbiculaire , par sa simplicité ou sa sophistication, révèle la fibre aristocratique tout autant que la fibre écologique ou synthétique de la femme qui le porte .

   Attribut esthétique , certes , mais pas seulement . Le bracelet est devenu , au cours du siècle dernier , l'instrument indispensable à notre repérage dans le temps . L'invention du bracelet-montre , en 1904,  par Louis Cartier , pour son ami aviateur Santos-Dumont,  sonna le glas de la montre à gousset . Extraire une montre d'une poche  à des milliers de pieds d'altitude relevait d'un  exercice encore plus périlleux que la pratique de la haute voltige, cela va sans dire .  Et même si on ne navigue pas dans les airs et que l'on a les pieds sur terre ( physiquement parlant , du moins) , rares sont ceux d'entre nous qui regrettent le port du gousset.

   Avec l'avènement des nouvelles technologies , le bracelet s'est vu confier une autre mission, plus inquiétante : celle de surveillance . On connaît l'existence du bracelet électronique  que certains repris de justice , bénéficiant d'un aménagement de peine , doivent porter ( à la cheville , pour plus de discrétion ) afin d'être à tout moment géolocalisés par l'administration pénitentiaire . Au cas où ils voudraient prendre la poudre d'escampette...

   C'est dans la même optique de surveillance qu'a été inventé le " bracelet connecté" .  Relié au smartphone de son propriétaire via une application, il enregistre le moindre de ses  faits et gestes , mesure son temps de sommeil et contrôle même son alimentation. Si les objectifs fixés ne sont pas atteints , l'autoculpabilisation fait son apparition . Est-ce moins pire qu'une incarcération ? J'en doute . En prison , on n'a pas à disposition des verges pour se faire  battre.

   Quand je vous disais que le poignet d'une inconnue est plus bavard qu'il n'y paraît . Ce bref tour d'horizon de l'histoire du bracelet dans notre civilisation nous permet d'apporter une révision à notre postulat de départ . L'homme est en marche , certes . Mais il semble parfois marcher à reculons . Car quoi de plus régressif que de subvertir la fonction première d'un attribut féminin ! Loin de permettre à la femme d'exprimer librement sa féminité , le bracelet connecté, icône de la branchitude,  l'enferme dans le carcan du rendement et de la performance , valeurs masculines par excellence . Le bracelet, autrefois artefact de séduction,  devient menottes , et la femme , dans sa quête du corps parfait , retombe sous la coupe de l'homme. Ne nous étonnons donc plus si le mâle alpha la choisisse come appât...

dimanche 29 juin 2014

   Il y a autant de façons de parler de l'être aimé que de façons d'aimer . On peut célébrer , à l'instar des poètes de la renaissance,  une partie du corps vénéré plutôt qu'une autre   : front , œil , bouche, sourcils, chevelure  ou même tétons , pour les plus polissons . Ce genre de poésie , qui a pour nom blason , comporte néanmoins une grande absente sur la liste des qualités qu'est en droit de posséder l'élu de notre cœur . C'est la peau .

   Et pourtant , sans elle , sans cette fine membrane qui recouvre notre chair et nous circonscrit dans l'espace  , nous ne pouvons pleinement goûter à ce délice des sens que procure une des manifestations de l'élan amoureux : la  caresse . Ce simple va-et-vient de doigts sur notre peau , qui s'épanouit dans la répétition , nous fait côtoyer les cimes de la pâmoison quand il est le véhicule d'une passion . Sans doute parce qu'il nous procure une sensation ambivalente, conjonction d' un doux frisson et de la brûlure d' un buisson ardent , fusion entre le froid et la chaud.

   Ce contact cutané , à l'apparence si banal, réussit le prodige de nous exiler de la dureté  sensorielle de ce monde qui beugle et bêle comme un troupeau de bétail dans cet  enclos qu'est notre microcosme social. Avec lui, Les mots sont superflus . Son langage purement tactile se suffit à lui- même . Il est le complément indispensable à la déclaration de deux amants , et réaffirme, au cours du temps , la permanence de leur  lien . Aussi faut-il s'alarmer quand il se fait plus rare . Sa disparition sonne le hallali d'une relation .

   Or  , s'il est une caresse qui , en toute occasion , apporte volupté et sérénité , c'est bien la caresse des mains. Les doigts qui s'entremêlent comme des lianes savent instantanément se frayer un chemin dans la jungle des émotions . Ils proclament l'union des âmes  et sont le signe ostensible de deux cœurs à l'unisson . Quand dissonance il y a , les doigts recouvrent leur liberté propre et réinvestissent leur fonction de préhension des objets du quotidien . Ils ne sont que les cinq outils d'une main. Dans le pire des cas , les doigts se font accusateurs : l'index est pointé, le majeur vulgairement dressé, et la gifle peut parfois même être infligée . La caresse fait désormais partie du royaume des limbes . Elle a peu d'espoir de ressusciter quand la désunion s'installe . On la trouve inhumée dans la crypte des amours défuntes .

   C'est au crépuscule de la vie  que la caresse prend toute sa valeur  , avec toute sa prégnance symbolique . À l'être aimé qui appareille pour l'autre monde , on prend la main , on la lui caresse . Comme pour un rite de passage. Mais le geste n'a plus d'écho et ne s'accompagne plus de réciprocité . Non pas  parce que le bénéficiaire a renoncé à tout attachement .  Mais parce que sa volonté de lutter l'a abandonné ,  qu'il sait que son départ est proche et inéluctable . Alors il laisse ses doigts pendre , comme les branches d'un arbre foudroyé , avant de s'agripper , dans un ultime  sursaut de vie , à la main de celui qui reste , et qui ne cesse de le caresser  , comme pour lui insuffler la chaleur de son amour , à lui qui ne frissonne plus , maintenant  que le froid de l'au-delà a immobilisé son corps  et pétrifié son coeur.

mardi 24 juin 2014


    Qu'on le veuille ou non , notre corps est le bagage que l'on transporte continûment avec soi, de notre naissance à notre mort , sans possibilité de nous en défaire. Il  prend corps dans le corps de notre mère , replié sur lui-même dans les ténèbres utérines , avant d'être expulsé vers la lumière et croître à son rythme , soumis aux métamorphoses que lui fait subir le temps qui scande notre existence .

    Le temps biologique , en premier lieu , mais aussi le temps (au sens météorologique ) du psychisme , avec ses accélérations et ses décélérations .  Car une chose est sûre : bon gré mal gré , notre corps est attelé à notre esprit pour le meilleur et pour le pire , dans notre voyage forcé sur cette terre . Dès lors , tous les coups sont permis . De cette cohabitation contrainte , naissent des rébellions sans fin  , et il faut être un habile aurige pour éviter de verser dans le précipice .

    De cette lutte sans merci, le corps est toujours le premier à pâtir . Extérieurement d'abord. Au vu et au su de tout le monde , il se dilate ou se rétracte , faisant osciller la balance au gré de nos humeurs changeantes . Intérieurement aussi . Nos organes sont mis  à rude épreuve . De l' ulcère au cancer , nos viscères subissent les assauts répétés de la maladie très souvent induite par un esprit à l'agonie . Psychosomatisme oblige .

    Pour parer conjointement à l'érosion physiologique de notre corps et aux déprédations physiques commises par les diverses pathologies , notre volonté s'avère une alliée de choix . Elle est la forteresse dans laquelle nous nous retranchons pour nous façonner un corps de déesse: celui immortalisé par la statuaire antique . Un corps modelé à force d'être mortifié par des séances de musculation intensive . Un corps magnifié et exhibé sans retenue sur du papier glacé. Comme pour conjurer les moment où il deviendra de glace , aussi froid que le marbre des statues qu'il tend à imiter.

    Car rien ne peut enrayer le cours implacable du temps. On peut tout au plus faire illusion , user de  subterfuges pour redonner à la peau son apparence juvénile . Mais l'on ne trompe que soi-même dans ce vaste jeu de dupes . Les années que l'on pense avoir soustraites à notre état civil sont bel et bien inscrites sur la feuille de route de notre vie . Et ce corps que nous exaltons , et grâce auquel nous exultons dans cette jouissance que nous procurent  les plaisirs de la chair,  ce corps est pourtant bien notre prison ! Ne l'oublions pas : la "petite mort" porte bien son nom. Elle n'est qu'une séance de répétition avant l'exécution de l'oraison funèbre qui clora notre existence sur terre.

dimanche 15 juin 2014

Si vous ne deviez emporter qu'un seul objet sur une île déserte , quel serait -il ? À cette question, quel visage ne s'est pas illuminé d'un sourire rêveur ! L'image d'une île paradisiaque se superpose à votre univers citadin , et vous voilà transportée sur une plage de sable fin , bercée par le doux murmure des vagues , engourdie par la lascive caresse du soleil , abîmée dans la contemplation de l'horizon  lointain.

    C'est que cette interrogation ouvre grand les portes de votre imaginaire et vous donne un passeport pour l'évasion. Le bitume s'évapore , les klaxons font taire leur stridence , la marée humaine se retire . Vous vous retrouvez seule. Sans plus aucune attache . Dépossédée de vos biens . Échouée sur un banc de sable sous des latitudes inconnues . Dépossédée de tout , sauf d'un seul objet . Votre totem . Votre kit de survie psychique .

    Autant dire que le choix de celui-ci demande réflexion. Et la question inaugurale , d'apparence banale , fait resurgir à la surface des cascades de questions abyssales qui s'emboîtent comme des poupées russes  : Quel objet serait doté , pour vous , d'une valeur assez  inestimable pour évincer tous les autres ? À quoi attribuez-vous le plus d'importance dans votre vie ? Quel sens donnez-vous à votre vie ?

    Insensiblement , l'île déserte , dont vous rêviez secrètement , vous amène à vous aventurer sur un territoire  que vous avez toujours redouté d'explorer . Vous , qui envisagiez ce voyage pour vous soustraire aux incessants dilemmes et vous lover dans les bras de l'oubli , vous retrouvez prise au piège , emmurée dans l'espace clos de votre moi , aux prises avec  des questions d'ordre métaphysique . Ironie suprême !


    Rassurez-vous ! Votre rêve d'île déserte , somme toute , a peu de chance de se réaliser . Et c'est tant mieux pour vous . Regardez  Robinson ! Si Vendredi ne lui était pas tombé du ciel , il aurait probablement continué de noyer son chagrin dans les vapeurs de la  souille . Aucun humain ne courtise volontairement la solitude , sous quelque latitude que ce soit . Et la plus belle île au monde ne saurait nous faire changer d'avis . Alors , si par hasard , votre rêve se réalise , et que vous vous retrouvez sur un îlot perdu du pacifique , ne réfléchissez pas ! Le seul objet qui vaille la peine de vous accompagner , c'est l'espérance !

vendredi 6 juin 2014


    À mon humble avis, il serait temps de dégraisser la presse hexagonale de tous les emprunts anglo-saxons dépréciatifs dont elle fait bombance . À une époque où l'économie et la politique , principales garantes d'un équilibre moral, sont mises à mal, les médias s'en donnent à cœur joie et distillent aigreur et stigmatisation , alimentant notre rancœur au lieu d'assainir notre cœur .

    Parmi les pratiques  favorites  , citons le "Bashing" ( fait de critiquer avec virulence quelqu'un  ) et le "Shaming" ( fait de couvrir de honte quelqu'un ). Personne n'est épargné . Comme dans les sociétés archaïques , il faut qu'un bouc émissaire soit envoyé dans le désert pour expier les fautes d'un groupe d'individus donné. Ainsi la cible varie  selon les frustrations du moment . On peut s'acharner sur un citoyen en particulier ,  comme sur une communauté spécifiquement nommée.

    Au rayon des nouveautés, le" Pet Shaming" , moins nocif pour le public visé, puisqu'il ne cible que les animaux de compagnie . Les réseaux sociaux en font leurs choux gras .Les  chiens ou chats incriminés accèdent à la popularité le temps de leurs méfaits . Qu'ils aient mis en pièces votre livre d'art préféré ou lacéré vos tentures Laura Ashley ,  ils consentent ,sans broncher,  au châtiment qui leur est réservé : se faire tirer le portrait ,avec, autour du cou, une pancarte mentionnant  leur forfait .

    Si les clichés postés prêtent à sourire , il n'en est pas de même de ceux censés rappeler à l'ordre les gastronomes trop zélés . Les chantres  du "Body  Shaming " déversent leur bile en publiant à l'envi les photos de  gourmandes prises en flagrant délit d'hyperphagie .J'ai bien dit "gourmandes" . Comme si la gloutonnerie était un péché capital typiquement féminin . Eh oui ! Le sexisme , lui , ne risque pas de dépérir tellement il a le ventre plein .

    De la gourmande à la gourgandine , il n'y a qu'un pas , et il est vite franchi . Car à l'opposé du "Body Shaming ", et de ses variations sémantiques tels que le " Fat Shaming " , " Weight Shaming" ou " Food Shaming", on trouve le " Slut Shaming " . En général , celles qui en sont victimes ne souffrent pas de troubles alimentaires comme les précédentes . Elles ont plutôt un appétit d'un autre genre , et n'ont aucune inhibition à exhiber  leur corps pour satisfaire leurs besoins . Si elles jouissent , auprès des hommes , d'une adoration toute bestiale, elles ne sont guère en odeur de sainteté auprès des Jeanne d'Arc du féminisme hexagonal  . Honte à la France , et surtout honte aux femmes !


    Aux adeptes du "Shaming" , je n'ai qu'un mot à dire: Shame on you ! ! Laissez donc les gens vivre ! Vous mériteriez un bon "Bashing" ! Mais comme je ne suis pas d'humeur belliqueuse et prône l'irénisme plutôt que l'ire , je laisse aux chiennes de garde hagardes le soin d'aboyer toutes en chœur , et vais , pour leur faire la nique , enfiler mes " Fuck Me Shoes " ; car  comme disait Marilyn sur ses talons aiguilles ,"  Donnez à une fille la bonne paire de  chaussures, et elle pourra conquérir le monde ".


mercredi 28 mai 2014

Soyons honnêtes ! Le plus grand défi qu'une femme ait à relever quand elle est en couple , c'est de  le faire durer . Or la navigation conjugale ne dispose pas d'instruments d'orientation assez perfectionnés pour déjouer les écueils de la traversée . Il faut parfois naviguer à vue, et surtout se méfier des sirènes qui s'ennuient dans les profondeurs et se divertissent à noyer de désir les marins rattrapés par le démon de midi . Car le désir est la voie d'eau la plus redoutable pour le frêle esquif matrimonial . Et s'il reste par mégarde en rade , le couple va au naufrage .

    Heureusement, nous,  les femmes,  ne sommes jamais à court d'inspiration pour raviver la flamme . Nous avons toutes compris que le talon d'Achille des hommes , c'est notre corps et ses artifices . Aussi ne nous privons-nous pas d'en façonner les contours à notre gré , d'autant de façons que nous le voulons. Pour circonvenir capitons et autres imperfections, nous avons un bataillon de solutions à notre disposition . Onguents miraculeux et  potions magiques sont les dernières  inventions d'une nouvelle génération de druides savant manier alambics , pipettes , chromatographes, et autres instruments barbares .

    Mais là ne s'arrête pas notre quête du corps idéal . Pour captiver le mâle alpha , il faut souvent vendre son âme aux grands mages de la chirurgie , qui  burinent, cisèlent ou emplissent de gel  ,  seins , mollets , fessiers , cuisses , pommettes et abdomen . Le bistouri est aussi révéré que le silex lors de la découverte du secret de fabrication du feu . Il donne au chirurgien plastique la même aura que Prométhée , lui qui déroba le feu à Zeus pour en faire don  aux hommes  . À ceci près que , désormais , le feu divin est tombé entre les mains des femmes , et qu'elles l'utilisent , non plus pour réchauffer des plats , mais pour allumer des brasiers dans le cœur de leurs proies .

    Et comme si cela ne suffisait pas , elles ajoutent , depuis quelques temps , des cordes supplémentaires à leur arc , pour décocher la flèche fatale à celui qui aurait l'audace de devenir volage. Les plus sportives se métamorphosent en femmes élastiques , apprenant à se contorsionner lascivement autour d'une barre X-Pole plantée en plein  milieu de leur salon , histoire de ravir la vedette à leur rivale bavarde et son choix de chaînes à la carte . Qu'on ne s'étonne pas si les strip-teaseuses sont bientôt contraintes de faire la queue à Pôle Emploi ...

    Pour les plus exhibitionnistes et les plus endurantes , celles qui trouvent que leur salon n'est pas une scène assez éclatante pour étaler leurs exploits physiques, reste à suivre l'entrainement intensif des pom-pom girls sur les terrains de foot . C'est sûr que les figures acrobatiques des cheerleaders sont à vous couper le souffle . Alors si les stunts ( portés) , les flyers ( équilibres en l'air  sur un pied ) et les toe-touch ( grands  écarts faciaux en l'air avec toucher des orteils ), laissent votre homme de marbre ,  c'est qu'il ne vous mérite pas . Cheer up ! Un de perdu, dix de retrouvés ! Et même 11! Dans une équipe de football , on est certaine de trouver un joueur à son / ses pieds !