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mardi 27 décembre 2016




Delenda est ego! Il faut détruire l’ego! c’est certainement ce que Caton d’Utique proférerait de nos jours s'il avait à s’adresser au sénat romain . Carthage n’est plus l’ennemie à abattre . C’est la citadelle de notre ego qui est devenue une forteresse imprenable. Car elle n’a de cesse de se fortifier , aidée en cela par les interfaces numériques de nos écrans tactiles . Autrefois cantonné au cercle familial ou amical , l’ego a , au cours des dernières décennies , pris des proportions phénoménales qui dépassent largement les frontières géographiques de notre pays. On ne compte plus les occasions dont on dispose pour attirer l’attention de nos semblables aux quatre coins du globe  par nos exhibitions selfiques , nos publications nombrilistes , nos appels à partager nos prises de postion idéologiques . On veut se faire valoir à tout prix , se pavaner , être sous les feux de la rampe . La prophétie de Warhol , comme nos applis, a besoin d’une sérieuse mise à jour. Son quart d’heure de célébrité ne nous suffit plus. C’est bien plutôt un quart de siècle qu’il nous faut.

Les médias eux-mêmes sont pris au piège . Ils postent leurs espions à tous les carrefours des réseaux sociaux pour recueillir le moindre indice des événements à venir.  Quand ils veulent jouer les Cassandre , ils parlent de « toile qui s’enflamme » , comme si les plateformes électroniques constituaient la nouvelle agora où se jouait le sort des nations . Mais ce ne sont souvent que des feux de paille . Beaucoup de bruit pour rien, pourrait-on dire , sauf que de bruit, il n’y en a pas , puisque nos écrans sont muets . Pas de clameur . Seulement quelques bribes de mots , que notre accoutumance au langage texto avait déjà tronqués et défigurés. La novlangue de la culture 2.0 ,  c’est celle de l’ icône du pouce levé . On " like" à gogo. Et c’est bien dans cette faille que s’est engouffré notre ego. Contrairement aux jeux du cirque où la vie des gladiateurs était anéantie si le  pouce de l' empereur venait à se baisser, notre vie numérique ne risque aucunement d’être dévastée par une semblable occurence  Alors on persiste et on signe. Rien ne peut nous abattre. Non delenda est Ego! semblent nous seriner nos divins réseaux sociaux.

Faut-il donc les vouer aux gémonies, ces interfaces numériques , qui alimentent le feu de notre narcissisme ? N’ont -elles pas sonné le glas de notre civilisation, en faisant de nous , non les acteurs, mais les spectateurs béats de notre grandeur illusoire dans cette vaste foire aux vanités où chacun congratule l’autre sur ses actions ou possessions? Point n'est la bonne solution .  Pour filer la métaphore, il n’y a pas de fumée sans feu. Si notre ego a besoin de tellement d’expansion, c’est qu’il est par ailleurs, soumis à beaucoup de restrictions, voire même d'une oblitération. Que ce soit dans le cadre professionnel , familial , ou amical, on est tenus de ne pas trop faire montre de notre autosatisfaction . Cela pourrait aliéner la sympathie de notre entourage , pire ,attiser leur envie,  leur malveillance peut-être. Quoi de mal , donc, à ce que notre ego s’octroie un brin de réconfort virtuel et qu'il se repaisse de festins d'émojis qui le flattent , s'il garde ,toutefois , en mémoire, que rien ne le prémunira d’un Big Bug digital ?

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