Avoir un toit sur la tête , quand on y réfléchit bien, n'est pas une
priorité pour tout le monde . Derrière des motifs purement économiques ,
se cachent des motivations hautement philosophiques . Certains humains
préfèrent vivre à la belle étoile plutôt que de se retrouver piégés entre
quatre murs . Ils sont rares, certes, mais pas inexistants. Dans l'antiquité, le sage Diogène , pour braver les conventions sociales,
n'avait-il pas élu domicile dans une jarre ?
Opter pour des conditions de vie dénuées de confort , cela n'est pas
courant et demande réflexion .
Or, la réflexion, c'est ce dont nous manquons cruellement en ce monde .
Et pour cause . Nous ne nous accordons aucune pause pour nous y adonner
. Au lieu de consacrer du temps au temps , nous ne cessons de
l'accabler d'imprécations sous prétexte qu'il nous échappe
irrémédiablement . C'est sûr, nos professions nous accaparent tellement
qu'elles ne nous laissent plus le loisir de penser. Et le peu de temps
libre qui nous reste est happé par l'hydre de la surinformation
numérique . Nous devenons des Gargantuas de l'actualité tous azimuts ,
incapables de digérer autant de matière brute , faisant nôtre la pensée
des autres sans penser qu'elle extermine la nôtre .
Comment , après cela , décider du type d'habitat qui nous conviendrait
le mieux ? Peut-être , après tout , souhaiterions-nous construire une
cabane en pin comme le divin Thoreau , et nous y retirer non
loin d'un étang , loin du bruit et de la fureur urbaine ? Peut-être
préfèrerions- nous couler des jours heureux dans une yourte mongole ou un tipi amérindien ? Le problème , c'est que tipi ou yourte , il
faut les planter quelque part , et certainement pas sur du béton . Donc à
moins de migrer vers les grandes plaines d'Asie ou celles d'Amérique ,
il nous reste peu de chance de mener à bien notre entreprise.
Grâce au ciel, des architectes se sont penchés sur la question . Ils
ont compris qu'en chacun de nous sommeille un Peter Pan. Ils ont compris
qu'enfoui dans notre inconscient se loge notre désir d'une cabane de
Robinson . Celle dans laquelle on trouvait refuge dans notre enfance ,
au fin fond du jardin d'une maison de campagne . Alors plutôt que de
miser sur la pierre et la brique , ils ont opté pour le bois . Pour
faire plus sérieux et faire semblant de préserver l'environnement , ils
ont appelé ça eco- construction. Et ça a marché ! Des lotissements
entiers de maisons en bois sont sortis de terre . Mieux encore , des
cabanes ont poussé dans les arbres , pour accueillir des touristes
nouvelle tendance : les glampeurs , adeptes du glamping ou camping
glamour ...
La brique, le bois , mais que reste-t-il donc ? Vous ne voyez vraiment
pas ? Cherchez encore . Les trois petits cochons , ça ne vous dit rien ?
La paille , bien-sûr! C'est encore plus écologique et encore plus
économique . Et puis au moins , si on s'en lasse , on aura qu'à appeler
le Grand Méchant Loup . Il soufflera et soufflera, et la maison s'envolera.
En somme , le toit qu'on a sur la tête est
bien plus révélateur qu'il n'y paraît . Tout adulte que nous sommes ,
le choix de notre habitat en dit long sur l'enfant que nous avons été .
Que l'on décide de vivre dans une yourte , un tipi, une cabane , une
roulotte ou un igloo, inutile de nous faire croire que nous avons grandi
. Après tout , ne partons-nous pas , chaque nuit, à destination du pays des songes?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.