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mardi 24 décembre 2013


L'hiver est la seule saison qui , selon moi , possède deux visages bien distincts. L'un lumineux  , l'autre ténébreux. Si le solstice d'hiver est le héraut de sa naissance sur le calendrier grégorien , il reste qu'il a déjà fait son entrée dans nos pensées dès le mois de Novembre . La Toussaint en symbolise un peu le seuil. Une fois que l'on tourne le dos à la fête des défunts  , l'on appelle de nos vœux la célébration d'une naissance , celle du fils de Dieu. Comme pour mieux conjurer la mort , notre esprit se charge vite d'oublier les tombes qui viennent d'être fleuries  pour caresser l'image du berceau du Messie . Et ce cheminement progressif de la mort vers la vie s'accompagne symboliquement d'une avancée vers la lumière .

Il est vrai que la Fée Électricité est à l'honneur lors de l'approche de Noël . La Tour Eiffel n'est plus la seule à ruisseler de diamants  toutes les heures . De nombreuses façades, des arbres ainsi que des colonnades sont revêtus , pour l'occasion, d'un habit scintillant. C'est comme si l'on s'évertuait à repousser les ténèbres qui étendent  leur empire sur les journées dont la durée s'amenuise . C'est donc à un festin de lumière que l'on est convié . Le doré et l'argenté , si décriés le reste de l'année , retrouvent  grâce auprès des créateurs . Les paillettes et les strass aussi. Les yeux clignotants des guirlandes sont comme un appel à la réjouissance . Boules miroitantes,  clochettes tintinnabulantes  , effigies de pères Noël hilares et ventrus apportent une dernière touche festive au tableau de cette exposition annuelle .

Car il ne faut pas les négliger , ces festivités de fin d'année . D'autant qu'elles comportent un versant sacré et un autre profane .  Elles sont, d'abord, l'occasion  pour les Chrétiens de ce monde ,  de  renouer avec la tradition de la messe et de rendre hommage à celui qui s'est sacrifié pour le rachat de  nos péchés . Puis le religieux s'efface pour laisser le païen s'engouffrer dans nos foyers  et nous enjoindre de nous adonner à des orgies de libations et de victuailles . L'heure a sonné de dire adieu à l'année écoulée et accueillir la nouvelle comme il se doit . Car l'on espère surtout qu'elle sera meilleure que la précédente .

Mais que reste t'il , à l'aube de  janvier , de cette effervescence fébrile de la veille ? Des souvenirs confus , tant l'alcool , à force de couler , a anesthésié les consciences . Tout le plein d'énergie accumulé le mois précédent à été englouti en une nuit . Et l'on se sent comme dépossédé , confronté à une immensité temporelle inconnue dont on aimerait connaître les contours avant de s'y aventurer. Le rideau tombe . Le spectacle est terminé . La grisaille de l'hiver citadin reprend ses droits . Les décorations lumineuses désertent les rues et les vitrines . Les façades nues grelottent dans le froid. Les guirlandes et les grelots sont remisés jusqu'à l année suivante . Et la vie reprend son cours , avec son cortège de servitudes , et ses cornes d'abondance d'illusions .

Mais même si l'hiver glacial s'agrippe à notre cœur comme un mendiant affamé et qu'il met à mal nos bonnes résolutions, l'on se raccroche à l'idée qu'il ne fera pas un festin de notre âme , car , de quelque religion que l'on soit  , ne perdons jamais de vue  que nous sommes tous les étincelles du divin,  et que brûlera en nous la flamme inextinguible de l'espérance pour les siècles des siècles .

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