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lundi 2 septembre 2013


Etrangement, Les tabous ont une aptitude à fondre comme neige au soleil en été , alors
qu' ils croissent comme l herbe folle pendant la période hivernale. Pour s en rendre compte , Il n y a qu à se hasarder sur les plages de l île de Beauté , où Phoebus règne en maitre incontesté , et où Venus détrône la chaste Diane .Alors qu en temps normal, la pudibonderie abonde et que l on détourne le regard si les seins d une femme ont la hardiesse de réclamer une attention trop soutenue , il n en est plus rien quand le temps béni des vacances nous sourit. Il suffit de traverser La frontière invisible entre l espace urbain et l espace de la plage pour que l urbanité tombe aux oubliettes et que la femme acquière le droit de libérer sa poitrine . Heureusement qu' au siècle de Molière , les stations balnéaires n avaient pas encore vu le jour , car l on rirait au nez de Tartuffe s il prononçait sa célèbre tirade .

Sur ces étendues de sable où se côtoient les corps à demi nus, l œil est convié à un festin visuel sans précèdent. Qu on le veuille ou non, Nous sommes tous contraints de devenir voyeurs , mais des voyeurs exigeants . Car gare aux imprudentes qui auraient eu la maladresse de se négliger ! Les poignées d amour, on n a guère envie de s'y agripper. À moins d être au bord de la noyade et ne plus savoir à quel "sein" se vouer. Mais que l on ne se méprenne pas! Nous n épargnons pas non plus les addicts des salles de sport , surtout quand elles essaient de dissimuler leur peu d attrait physique par des tablettes de chocolat .
La plage, c est aussi l occasion de pratiquer la commisération. Surtout envers celles qui sont affligées de ptôse mammaire, de culotte de cheval ou de mollets hypertrophiés . Vous
l' aurez compris, les baignades nous offrent l opportunité de dresser la cartographie du corps dans tous ses états , ce corps que l on s'applique , l'année durant , à parer de mille artifices , et qui se venge en se mettant à nu sous les pleins feux de l'astre solaire.

Mais sitôt que l écume de Septembre emporte avec elle les derniers estivants, le tocsin se fait entendre. La peste soit de l exhibitionnisme! Le puritanisme est de mise dès que la météorologie commence à faire grise mine. Il nous faut reprendre nos esprits, mettre au pain sec nos yeux repus de cette orgie de corps si fellinienne . Car Les sirènes joueuses ont tôt fait de déserter les côtes pour regagner les profondeurs marines, abandonnant à leur triste sort des maris indignes se sentant soudain le pied marin... Et l on se prend à rêver aux Bluebell Girls du Lido parisien , ou au beau Tadzio du Lido vénitien , pointant du doigt ,dans une posture langoureuse, les siècles de débauche à venir, quand la décadence enfantera des monstres et que les tabous reposeront à jamais dans les tombeaux de notre civilisation défunte .



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